C'est avec beaucoup d'émotion que je quitte la Birmanie. D'une part il y règne une atmosphère magique et les paysages sont magnifiques. D'autre part, l'interaction avec les locaux est vraiment particulière, amusante et touchante. Pour vous plonger dans l'atmosphère, voici quelques anecdotes bien caractéristiques et drôles.

 Le style Birman

 Voir un birman en Europe ferait le même effet qu' "Un indien dans la ville". Un gros "bétel" dans la bouche (la chique locale de couleur rouge sang qui leur donne un sourire a première vue effrayant). De la peinture jaune sur le visage, le Thanaka, pour se protéger du soleil et se faire beau. Une longue jupe portée par les hommes comme les femmes, le longyi. Voici le style birman!


Communauté & chips

 Nous avions embauché un chauffeur de barque pour faire une balade d'une journée sur le Lac Inle. Au milieu de l'après-midi le chauffeur nous propose d'aller visiter son village... Quelle chance, L'un de mes meilleurs souvenirs !
Il nous a présenté sa femme, la soeur de sa femme, la mère de sa femme, le père de sa femme, l'autre soeur de sa femme, la maison des parents de sa femme, leur maison a eux, leur fils, leurs bateaux, leurs voisins,.... On nous a accueilli avec du thé, des chips de riz, encore du thé, encore des chips, et prenez plus de chips !! Puis il nous a emmené à THE attraction de la journée au village: La rénovation de la maison d'un de leurs voisins.
Spectacle mémorable.
TOUS les hommes du villages afférés sur le chantier, sur le toit, a planter des clous de partout, transporter des tôles, cracher du bétel, chacun faisant ce qui lui plait, sans leader apparent, et la maison évoluant a vue d'œil.
Et en face, assises par terre, TOUTES les femmes du village (et de toutes les générations), qui regardent le chantier, rigolent et mangent des chips. Qui mangent des chips devant les hommes qui bossent !! C'était une scène tellement drôle.
Notre guide d'ailleurs avait complètement oublié le tour en bateau, discutait avec ses copains, et nous sommes restés là bien 2 heures, a s'immerger de l' atmosphère conviviale de la communauté...

 L'effet superstar

 Les Birmans sont, a la surprise de tous les touristes, fascinés voire surexcités a la vue de personnes blanches ! C'est a plusieurs reprises dans mon séjour qu'un attroupement de Birmans a fait la queue pour prendre, un par un, des photos avec moi... Ce que j'appelle donc l'effet superstar !
Des groupes de jeunes explosent de rire en nous voyant, chose assez surprenante mais qu'il faut prendre avec reconnaissance! Il ne faut pas non plus mal prendre qu'un local nous regarde fixement et infailliblement pendant quelques secondes... 30 secondes... 1 minute... Mais qu'est-ce qu'il me veut lui !! :)

 (Remarque, cela m'a aussi permis de me rendre compte a quel point regarder un étranger est interdit en France. Je commençais a bien aimer pouvoir regarder librement mon entourage et échanger des sourires !)

 Décontractés, amicaux, souriants, aidants... 

 Après quelques jours en Birmanie, on s'enchante de tous ces visages souriants, qui donne envie de sourire a son tour! Les locaux sont ravis de communiquer avec les étrangers, et ils sont tellement aidants.

Sur une barque du Lac Inle, un ami a oublié la capsule de son appareil photo... Le chauffeur de la barque s'en est aperçue plusieurs minutes après notre départ. Il a enfourché son vélo pour nous retrouver dans la ville et lui rendre !

Dans une petite station service, a la pause d'une longue route de bus, l'orage est arrivé et il s'est mis a pleuvoir des cordes. Tous les serveurs nous ont attendu a la sortie de la station avec des parapluies pour nous raccompagner un par un au bus !

A Bagan, j'ai acheté une glace a un petit monsieur au sourire plein de bétel. Après quelques morceaux, il a vu qu'elle ne me plaisait pas tant que ça... Avec le même sourire, il me la échangée et a gardé la mienne pour lui !

 La logistique asiatique

 Il faut partir du principe qu'aucune information n'est pas disponible sur internet (excepté quelques forums occidentaux), que ce soit pour les horaires de bus ou de train, les routes a prendre, les prix... Les seules infos sont a chercher auprès du staff des hôtels, en se faisant comprendre avec les mots bien choisis et beaucoup de gestes.

A Mandalay, je devais prendre un bus pour me rendre a Pyin oo Lwin. Sachant que c'était la fête de l'eau, beaucoup de bus sont annulés, et le trajet est incertain. La veille au soir, je demande au manager de l'hôtel: Celui ci m'assure que pas de problème, il y aura des bus toute la journée. Le jour J au matin, le staff m'assure qu'aucun bus ne circule... Je leur explique le paradoxe, et s'en suit un débat en Birman sur : Oui ou non, y a t il un bus ?? Après quelques minutes, l'un deux semble triompher, et part expliquer quelque chose a mon taxi driver (qui devrait plutôt s'appeler "vieille mobylette driver"). Le chauffeur de mobylette, chargé de mon gros sac et de moi a l'arrière, m'emmène au milieu d'une rue de la ville. Là se trouvait un homme en charette, qui me fit monter dans sa charette, et petit a petit arrivèrent plein de Birmans sortis de nul part, et tout le monde dans la charette. On arriva bien a destination, après une longue route bringuebalante agrémentées de nombreuses pauses pour refroidir le moteur qui fumait vraiment beaucoup ! Une question m'est restée: Mais comment donc l'hôtel et tous ces Birmans savaient que cet homme en charette partait a Pyin oo Lwin ? C'est un peu l'illustration de la logistique asiatique: Il ne faut pas chercher a comprendre, mais ça marche...

 Dans le même registre.
Toujours a Mandalay, je m'accorde avec un mobylette driver pour qu'il me conduise, le lendemain matin 5:00, au lac Amarapura. Le jour J, a 5h, personne... J'attends jusque 5h30 et, déçue, je reveille le staff de mon hôtel pour tenter de lui expliquer le problème (en Asie, 1 ou 2 membres du staff dorment dans le hall sur un transat. Normal). Le garçon a peine réveillé s'écrit: "Ok !! Ok !! Let's go!" Et dans la minute on était sur sa propre mobylette. Sur la route on croise son oncle, les deux hommes discutent rapidement, et finalement c'est l'oncle qui me conduit toute la journée.
 Ma nouvelle question... Si vous étiez sur votre mobylette un jour a 5h30 du matin, que vous aviez deja sûrement plusieurs plans pour la journée en tête, et que votre neveu vous croise et vous demande de conduire une touriste toute la journée: Vous le feriez, vous ? :)

 Partage et découverte

Coup de coeur dans le deuxième village du trekking vers Inle, ou nous nous sommes arrêtés (guide + groupe) pour loger chez l'habitant. L'une de nous avait rapporté un globe du monde gonflable. En le montrant au papi de la maison, ce fut avec beaucoup d'émotions que l'on compris qu'il voyait une maps du monde pour la première fois !
Oh, Myanmar so small !! (Myanmar = Birmanie)
France so far !
This water ? Ohhhhh so much water !! (Les océans)
Russia so big !!!

 Bien sur, beaucoup de Birmans des villes connaissent aujourd'hui la carte du monde et heureusement. Certains parlent même très bien anglais. Cette expérience montre plutôt a quel point certains villages, éloignés des routes et des villes, vivent encore de manière tellement authentique.

 Conversations absurdes

 Dans mon hôtel a Hsipaw, je demande un peu de lait pour mon café... Voici la réponse: "One minute please, we are MAKING it !"

 A la gare de Pyin oo Lwin, direction Mandalay.
 Moi: "One taxi to Mandalay. 3 people."
Taxi driver: " 8 dollars each."
Moi: "7 each."
Taxi driver: "No, 8 dollars each."
Moi: "OK, 21 for everyone."
Taxi driver: "OK !!" :)

 Bouddhistes, moines et cérémonies

C'est le dernier point tellement caractéristique d'un voyage en Asie : Remarquer l'importance du Bouddhisme et de l'ensemble des rites croyants. Les locaux se recueillent très régulièrement dans les temples et pagodes. Chez eux, un autel est dédié au Bouddha ou aux esprits (pour protéger la famille ou la construction d'une maison). De nombreuses offrandes sont faites et de toutes sortes: Fleurs fraiches, fruits, gâteaux, bouteille d'eau, canettes de coca avec une paille, noix de coco avec une paille, bougies, encens... (Personnellement, j'adore la canette avec une paille!). A la Pagode Shwedagon a Yangoon, les locaux arrosent d'eau la statuette correspondant a leur jour de naissance (lundi/...). Les locaux effectuent aussi des pèlerinages, comme la visite du Rocher d'Or dans la région de Yangoon, où ils arrivent chaque jour par centaines après de nombreuses heures de bus. Ils se retrouvent en groupes et chantent de longs et beaux mantras.
Enfin, la presence de nombreux moines, novices et moinettes qui sont extrêmement respectés. On les croise le matin a 6h dans les rues pour l'aumône (récolte de riz). On les retrouve dans les monastères priant en chanson. Les rangées de petites filles qui prient sont justes adorables...

 La seule remarque négative sur la religion dans ce pays (et dans ce pays seulement) est l'interprétation sexiste des écrits Bouddhistes. Selon le Bouddha, une femme ne peut pas atteindre le Nirvana: Elle doit d'abord se réincarner en homme. Les Birmans ont interprété cette croyance en interdisant aux femmes d'accéder aux coeur des monastères ou de toucher aux objets sacrés (comme le rocher d'Or). Pourtant en Birmanie les femmes sont considérablement respectées et peuvent occuper les mêmes postes que les hommes (sécurité, politique,...). Aung San Suu Kyi, leur leader, est adorée de tous les Birmans.


 C'était donc une formidable experience de découvrir la Birmanie, qui pour moi se distingue nettement des autres pays d'Asie du Sud-Est. Ce sera avec joie d' y retourner un jour pour revoir tous ces visages souriants.