On n'était pas très rassurés quand, un samedi 18 mars au soir, des hommes armés de fusils sont venus se poster aux quatre coin de la ville. Une tenue kakis, un long fusil au bras : Les militaires du parti communiste. Effectivement, le lendemain avait lieu les élections présidentielles Lao.

Retour sur l'histoire récente du Laos.

Avant la fin de la décolonisation française, un parti politique résistant Laos prit rapidement de la force: Le Pathet Laos ("pays des Laos"), dont le but est l'expulsion des français et la formation d'un régime marxiste. Ce parti rejoignait les idées communistes du Viet-Minh au Vietnam. Il était fortement opposé aux idéologies de droite et neutres du pays, lesquelles étaient soutenus financièrement par les Américains.

En 1953, le Laos fut déclaré indépendant. Le gouvernement royal tenta alors d'unifier le pays en instaurant un gouvernement de coalition (répartition de sièges entre la droite, la gauche et le centre). A la nomination de ministres du Pathet Laos en 1958, les États-Unis suspendirent leurs aides économiques, plongeant ainsi le pays dans une grave crise politique et financière.

Lors de la guerre du Vietnam (1963-1975), et dans le contexte de la guerre froide, le Laos fut un vrai champs de bataille. Les communistes du Nord du Vietnam (soutenus matériellement par l'URSS et la Chine) attendaient du Laos une libre-entrée pour acheminer hommes et armes vers le Sud-Vietnam. Ils s'allièrent avec le Pathet Laos. En parallèle, la CIA Américaine entrainait et finançait secrètement une armée de minorités ethniques Laos, les Hmong. Pour les opposer aux communistes, ils leur transmettait un message simple: "Méfiez -vous des Vietnamiens, ils prendront vos terres".

A partir de 1964, les États-Unis entamèrent une lourde offensive aérienne sur le Laos, lâchant au total plus de 2 millions de tonnes de bombes sur la pays (soit encore plus que ce que subit le Vietnam). Aujourd'hui encore, le pays est truffé de bombes non désamorcées ou "UXO". C'est la raison pour laquelle il est impossible dans ce pays de se déplacer en campagne hors des chemins tracés. Des associations Laos se portent volontaire pour déminer les campagnes avec des détecteurs de métaux: aux risques et périls des bénévoles. Par ailleurs, un nombre important de civils porte encore les dégâts corporelles de ces explosions. Dans la province de Nong Khiaw, quelques grottes où se réfugièrent les Laos sont aujourd'hui visitables.

Pour autant, ces bombardements furent incapables d'arrêter la circulation des soldats Nord-Vietnamien. En 1973, un cessez-le-feu fut établi. Les États-Unis se retirèrent du pays.

Dévasté, le Laos se retrouva faible et instable. Le Pathet Lao apparu alors comme un parti uni, et s'imposa au pouvoir. Il instaura un "régime démocratique populaire", et imposa au roi d'abdiquer après 650 ans de monarchie Laotienne. Deux ans plus tard, et pour éviter tout risque de résistance, la famille royale fut envoyée en travaux forcés dans les champs, et leur mort fut passée sous silence.

Le parti commença à restreindre les activités culturelles et religieuses, et nationalisa l'économie. Mais l'arrêt des subventions américaines entraînait inéluctablement la chute financière du pays. En 1979, le parti assouplit ses reformes économiques et s'ouvrit aux investissements étrangers.

A la fin des années 90, la crise économique asiatique assomma le Laos, et plongeât le pays dans une pays une certaine agitation. Attentats à la bombe, attaques contre les transports: Des opposants réclamaient la fin du monopole politique, au pouvoir depuis 25 ans. Ces derniers furent violemment réprimés.

Aujourd'hui, le parti est toujours au pouvoir. A part le nom des dirigeants successifs, il est difficile de trouver beaucoup plus d'infos sur les changement politiques. Sur le plan economiques, de gros investissements chinois financent des projets de centrales hydroelectriques, et d'une ligne TGV Chine-Laos.

Dimanche dernier ont eu lieu les élections présidentielles. Il est délicat et difficile de discuter avec les locaux de politique, mais nous avons toutefois obtenu quelques informations. Douze candidats, hommes et femmes se sont présentés aux élections. Ces candidats appartiennent tous aux même parti. Cette année, ce fut donc l'ancien premier ministre qui obtint la place au pouvoir. Ce résultat fut annoncé par le gouvernement quelques jours après les votes, car les bulletins ne sont pas dépouillés sur place: Ils sont centralisés a Vientiane. Nous avons rencontré un riche homme Lao ayant fait carrière en France avant de revenir au Laos. Ce dernier nous a dit: "Et bien quoi, notre gouvernement communiste? Il n'est pas si mal !" Puis: "Je suis un opposant politique, mais moi, je ne suis pas fiché...."

Sources:
Lonely Planet - Laos (2015)
UXO Museum, Vientiane \
Wikipedia - Pathet Laos, Histoire du Laos, Laos